Les rapports entre les opérateurs du secteur

Place mototaxi à Djicoroni Para, Bamako. © Amadou Baba Sissoko

Bamako, la capitale malienne est depuis quelques années une ville difficile à parcourir au vu de l’impressionnante augmentation du parc automobile et des engins à deux roues. Avec un tel nombre d’engins à moteur, la question de routes se pose avec acuité. Pourquoi y a-t-il des mototaxis à Bamako depuis 2021 ? Quel est l’avantage des motostaxis, pour les conducteurs et pour les clients ?
Dans le cadre des ateliers au cours desquels nos formateurs ont formé de futurs formateurs, une petite étude a été menée sur le phénomène des mototaxis dans la ville. Les données ont été recueillies par le biais d’entretiens et d’observations. Sur la base de ces données, une petite série de blogs a été rédigée, dont vous pouvez lire le premier ici, et le second blog ici.

L’avènement des mototaxis dans la ville de Bamako a été mal accueilli par les opérateurs de taxis ordinaires. Ces derniers jadis monopoleurs du marché de transport individuel dans les villes maliennes se sont retrouvés du jour au lendemain face à une concurrence indescriptible. Ils n’ont pas fini de ruminer leur colère que l’initiateur de ces mototaxis se retrouve face à une concurrence déloyale et illégale à la faveur de multiples acteurs qui opèrent dans le secteur.

Il est ressorti de nos entretiens que certains conducteurs de mototaxis sont en relation avec la structure mère en l’occurrence l’entreprise Telimani pendant que d’autres évoluent avec des particuliers. Ces derniers achètent une moto et la remettent à un jeune qui se débrouille moyennant 3.500F/4.000F CFA par jour. Pendant que l’entreprise Telimani est supposée être en règle avec l’État, les particuliers se contentent d’arranger la police au besoin et passer sans penser à l’État d’où le courroux des concurrents.

Entre conducteurs propriétaires et conducteurs locataires de mototaxis

Les employés de Telimani à leur grande surprise se retrouvent face à une concurrence à laquelle ils ne s’attendaient pas. Beaucoup d’entre eux pensaient garder le monopole pendant quelques longs mois au moins le temps qu’une autre entreprise concurrente n’émerge après au moins un rond d’observation. Tel ne fut pas le cas. Car à peine Telimani s’installait que des concurrents fusèrent de partout opérant dans la plus grande illégalité. Ces concurrents dont certains sont propriétaires de leurs motos qui n’ont de compte à rendre à personne sont mal perçus par les locataires de motos qui ont un montant journalier appelée recette à payer au propriétaire de la moto. Les premiers peuvent se permettre de prendre les usagers à des prix défiant toute concurrence pendant que les seconds travaillent en pensant à la recette journalière et à eux-mêmes malgré qu’ils disposent d’un maigre salaire mensuel.

Taxi ordinaire dans la circulation de Bamako. © Amadou Baba Sissoko.

Entre conducteurs de mototaxi et de taxis ordinaire  

Les relations avec les usagers, les taximen ordinaires classiques, avec les motos men qui sont dans le domaine à titre personnel. Cette concurrence déloyale a attisé la fureur des conducteurs de taxis ordinaires à leur égard est grande à telle enseigne que ces derniers jurent de les nuire pendant l’hivernage. Les flaques d’eau qui se trouvent par-ci et par-là après chaque pluie dans les rues de Bamako serviraient à faire mouiller le client ou la cliente du mototaximan afin de décourager les usagers de ces mototaxis.

Au finish, nous pouvons dire qu’en plus d’opérer dans l’illégalité la plus totale de la part de certaines mototaxis, plusieurs critiques sont formulées à leur égard comme leur méconnaissance du code de la route, la circulation avec excès de vitesse et les accidents qu’ils provoquent. D’ailleurs, les motocyclistes sont constamment exposés aux accidents de la route. Et les statistiques de l’Anaser (Agence Nationale de la Sécurité Routière) démontrent bien que plus de 75% des accidents de la circulation routière impliquent les engins à deux roues à Bamako. C’est pourquoi, d’aucuns considèrent un motocycliste à Bamako comme un cadavre ambulant. Car au moins choc/accident, on peut trépasser.

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