L’avènement de la crise sanitaire a fortement influencé le programme des années scolaires dans la ville de San, qui se trouve dans la région de Ségou, la non prise en compte de ces calendriers académiques avec les périodes de cultures constituent une grande problématique pour les élèves ainsi que les parents d’élèves. C’est dans ce cadre que nous avons effectué une sortie de terrain et rencontré différents acteurs, elèves, autorités et parents d’élèves, pour mieux élucider le confus à savoir : Les difficultés que rencontrent les élèves et les parents d’élèves lorsque le programme scolaire et les travaux hivernaux se correspondent ?
La ville de San est située à 423 km au nord-ouest de Bamako. Elle est bordée de vastes plaines, le siège de l’administration et compte plusieurs écoles publiques et privées. La ville a une population de plus de 64 000 habitants, qui vivent essentiellement de l’agriculture.
La période de l’année scolaire et l’hivernage qui est la période des cultures et de la quête des vivres, les deux périodes sont des poids lourds dans la société. En plus, ce sont les jeunes écolier(ères) qui sont les piliers de ces travaux champêtres et qui font le pâturage. Pour nous faciliter la bonne interprétation de ces deux phénomènes, l’école et l’hivernage, nous avons subdivisé notre thème en trois sous thèmes qui sont : La vision des parents d’élèves, la réaction des écoliers, et enfin les autorités scolaires.
Lors de nos enquêtes sur le terrain, nous avons d’abord adressé la parole aux parents d’élèves pour qu’ils puissent donner leurs propres points de vue et leur consentement sur la situation de leurs enfants qui doivent aller à l’école pendant la saison de l’hivernage. Selon les avis de beaucoup d’entre eux, l’année scolaire coïncide avec la saison des pluies ces deux dernières années surtout avec l’avènement du Covid-19 qui a largement modifié le calendrier scolaire et les crises politiques comme les coup d’états qui continuent toujours à influencer les programmes académiques. « Quand la première goutte d’eau de pluie tombe, on n’a pas besoin de dire à l’enseignant que les portes des écoles devraient être fermées, il est impossible d’étudier pendant la saison pluvieuse. Car la daba est plus âgée que le stylo, » dixit Bakary Père de trois élèves.
Regardez et écoutez un entretien avec Binke Traoré, parent d’élèves, ici.
Cependant d’autres fournissent l’effort tant bien que mal pour que leurs enfants puissent suivre les cours. Il y a aussi ceux qui pensent qu’il faut programmer le calendrier de l’année scolaire en prenant en compte la période hivernale. Pour au moins trouver un temps propice et permettre aux enfants d’aller à l’école. « Ce sont ces écoliers qui sont aussi les mains d’œuvres des familles. Pratiquement, c’est la jeunesse qui s’occupe de tout ce qui est question de travail physique et qui constitue la main d’œuvre. C’est l’Etat qui doit trouver une solution à ce prodige, » dixit un autre parent d’élèves.
Quant aux élèves qui sont les victimes de cet embarras, ils ont aussi exposé leurs idées sur la situation. Car c’est leur avenir qui est en jeu, selon l’étudiant Youssouf. En ajoutant que ce serait très difficile pour eux d’être compétitifs avec les autres camarades de classe qui ne sont pas dans les mêmes conditions précaires qu’eux. « Nous qui sommes dans les champs et derrière les troupeaux n’aurons pas le temps de réviser nos leçons. Il y a aussi des camarades qui abandonnent l’école à cause de ces travaux champêtres. Ça donne l’envie de ne pas continuer les études, c’est une perte de temps et un problème majeur que les parents et les élites doivent s’unir pour trouver une solution idoine, et garantir notre avenir. »
Regardez et écoutez un entretien avec élève Yousouf Traore ici. (en bambara)
En ce qui concernent les autorités scolaires, directeurs et les membres des associations des parents d’élèves, le problème est presque au niveau de tous les acteurs de la société même si c’est l’Etat qui est censé maintenir l’ordre. « Avec la perturbation répétitive des cours par les grèves des différentes corporations de l’école. Il est est impossible de régulariser l’année et le calendrier scolaire, » dixit M. Konaté, un directeur d’école.
« Les enfants aussi ne sont plus motivés pour les études. Ils abandonnent l’école, ce n’est pas pour les travaux champêtres mais pour aller dans la ville à la recherche de l’argent. C’est ce profit de ressource qui motive aussi les parents de ne pas s’impliquer pour l’éducation de leurs enfants. Car la réalité du pays influence aussi les gens, » ajoute le président du Comité de Gestion Scolaire (CGS) de Diébougou.
Enfin, nous comprenons que la recherche que nous avons faite sur le thème : L’école pendant l’hivernage à San, ressort beaucoup de concept et de réalité très intéressants qui sont à revoir. Des aspects qui ne sont pas pris en compte par l’Etat dans la sphère politique et même sociétale.
Comme, l’analphabétisme des jeunes dans les zones rurales. Cela est dû à la négligence et à la non-sensibilisation des parents pour qu’ils puissent comprendre l’importance de l’école et l’éducation des enfants pour le développement de notre pays.
Il est urgent aussi de prendre en compte ces différentes interpellations pour avoir un cadre consensuel qui permette à ces jeunes ruraux de poursuivre leurs études dans un climat apaisé. Vont-ils les écouter ?
En expressions artistiques, la formatrice en théâtre a produit un sketch à travers les données apportées par les jeunes chercheurs. Regardez le sketch ici.