L’aide aux personnes déplacées internes de la commune de Mariko à Niono

La commune de Mariko est l’une des douze communes que compte le cercle de Niono. Elle se trouve parmi les sept communes du cercle qui ont le plus souffert de la crise sécuritaire de l’année 2021. Longtemps épargnée, la commune de Mariko a fini par devenir l’épicentre de la crise sécuritaire du cercle de Niono pendant le deuxième semestre de l’année 2021. C’est à la suite de l’échec d’une tentative d’assassinat du chef chasseur par des djihadistes/miliciens peuls au début dudit semestre que le conflit éclata au grand jour.[1] Des hommes armés ordonnèrent le déguerpissement des villages/fractions soupçonnés d’être proches de tel ou tel groupe. C’est ainsi que certains déplacés ont rejoint Niono pendant que d’autres se sont réfugiés directement en Mauritanie.

Ce texte résulte d’une étude menée auprès des déplacés et des populations de la ville d’accueil (la commune urbaine de Niono) en octobre 2021 par l’équipe de recherche de l’antenne de Voice4Thought Académie de Niono. Lisez la première partie de cette série de blogs ici.

Cependant, il faut savoir que du début de la crise malienne en 2012 à nos jours, le nombre de personnes déplacées internes ne cesse de croître. Au départ, c’était des nordistes qui étaient accueillis par les populations du centre et du sud du Mali. Ce fut le cas dans les années 1990, quand il y a eu une rébellion touareg qui a duré cinq ans, dont bon nombre de déplacés ne sont plus retournés chez eux élisant domicile au centre du pays qui était jusqu’à récemment considéré comme un havre de paix et de quiétude.

Il est de coutume que les déplacés au Mali ont toujours bénéficié de l’hospitalité des habitants des villes et villages d’accueil. D’ailleurs certains déplacés sont accueillis par des proches établis dans les centres urbains (Bamako et les capitales régionales situées en zones de quiétude). Ainsi, beaucoup de familles de ressortissants du nord vivant en ces lieux virent le nombre des membres de leurs familles doubler, tripler ou même plus. Parce que la première aide vient généralement toujours de la famille proche. Cette aide est suffisante pour certains en fonction des moyens dont dispose la famille d’accueil pendant pour d’autres, elle est beaucoup insuffisante. Et c’est pourquoi, l’aide de la communauté, des personnes de bonne volonté, de l’Etat et des ONG avaient toujours suivi pour soulager à la fois la souffrance des déplacés et des populations d’accueil.

Les personnes déplacées internes (pdi) de la commune de Mariko ne font pas exception à cette règle parce qu’ils ont bénéficié de l’appui de plusieurs acteurs. De l’avis même de plusieurs déplacés, les maires de la commune urbaine de Niono et de leur commune ont fait le nécessaire pour les mettre dans le minimum des conditions afin de continuer à vivre. Ceci dit, le nombre de déplacés étant élevé, la charge dépasse les moyens des pauvres communes et des populations. D’ailleurs, le vice-président du conseil de cercle Moussa Traoré décrit la situation en ces termes :

« Notre rôle est d’interpeller les autorités pour qu’elles viennent en aide aux déplacés en leur apportant des vivres et des médicaments. La situation est grave parce qu’aucune des douze communes du cercle de Niono n’est épargnée. Tous les maires ont fui à part le maire de la commune urbaine de Niono. On sollicite vraiment le gouvernement pour nous aider. »

Interviewé Moussa Traoré. © Voice4Thought Académie

Les appels à l’aide des autorités et des déplacés relayés par les radios locales ne sont pas tombés dans les oreilles de sourd puisque l’aide avait fini par parvenir aux déplacés. Des ONG et le service du développement social se sont mis en œuvre pour soutenir les déplacés : des moustiquaires, de la distribution alimentaire gratuite et des soins ont été apportés aux uns et aux autres. Le propos de Aguissa Dicko, un tamasheq noir originaire du nord du Mali, atteste cela :

« En matière sanitaire, les agents de santé consultent les femmes, les enfants et leur donnent des médicaments. Les femmes enceintes également sont prises en charge par les médecins et elles reçoivent des médicaments. »

Interviewé Aguissa Dicko. © Voice4Thought Académie

Pour le Président du Recotrade local Modibo Sissoko, il y a eu des actions envers les déplacés de la part des populations parce que le Mali est un pays de solidarité et d’hospitalité. Et c’est pourquoi, beaucoup d’aides ont été apportées aux déplacés. Et des aides continuent de venir et d’autres engagements sont pris par des personnes de bonne volonté pour venir en aide auxdits déplacés. « Même aujourd’hui, il y a eu des remises de dons aux déplacés, » avait-il mentionné non moins sans fierté à l’égard des fils/filles de Niono notamment la jeunesse locale qui se bat tous les jours pour aider ces personnes.

Au finish, nous pouvons dire que les déplacés ont bénéficié de l’aide et continuent encore d’en bénéficier. Ceci dit, ce sont des paysans qui ont dû mal de se contenter des dons parce que les quantités offertes sont loin d’être suffisantes pour les trois plats quotidiens. Les déplacés sont reconnaissants à l’endroit de toutes les personnes qui de près ou de loin les ont apportés une quelconque aide. Mais ils demandent aux autorités de faire tout pour que les PDI qu’elles sont puissent dignement rentrer chez eux parce que bè kagni i bara littéralement « chacun est mieux chez soi ».

[1] Attaqué dans son champ par quatre éléments armés affiliés aux djihadistes/terroristes, le maître-chasseur avait pu neutraliser deux d’entre eux et fait fuir les deux autres récupérant également les armes des victimes. Son action lui valut une aura sans précédent dans l’ensemble du monde chasseur de la région. Ainsi, un camp de donso se créa autour de lui pour assurer sa protection. C’est de là qu’est partie la confrontation entre les miliciens donsos avec les djihadistes/miliciens peuls dans la commune. En plus des déguerpissements des villages/fractions des paysans et des pasteurs, il y avait eu d’enlèvements d’animaux, d’assassinats ciblés et des règlements de compte de part et d’autre créant ainsi un climat de terreur sans commune mesure. Pendant ces quelques mois de tension, le chef-chasseur avait fini par être assassiné à la suite d’une embuscade tendue par ses adversaires.

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