Des victimes psychologiques de la crise dans le centre du Mali

Des femmes marchent dans les rues de Boni. © Voice4Thought

A l’entame de ce blog, le témoin que nous nommons Abdallah, pour des raisons sécuritaires qui touchent l’ensemble des régions du centre du Mali et en particulier le cercle de Douentza, a préféré garder l’anonymat.

Les crises intercommunautaires, les attentats ou enlèvement sont connus de tous dans les régions du centre du Mali. Désormais le quotidien des populations, Elles subissent non seulement des dommages matériels mais aussi psychologiques.

Suite à l’enlèvement d’un jeune homme de son village, Oumar (nom d’emprunt), le frère ainé d’Abdallah n’a pu rester sensible face à cette situation. Préoccupé et conscient que la cible de ces hommes armés n’est autre que la jeunesse, en tout bon leader, Oumar qui est également directeur de l’école de son village invite alors les autres jeunes de son village à une réunion dans laquelle il leurs proposent des sorties de crise et de négociations afin de libérer leur ami. Selon Abdallah, des informations de leur échanges auraient étés portés aux oreilles des ravisseurs.

Plusieurs jours de détention, l’oncle est enfin libéré, mais avec de nombreuses cicatrices sur le corps. « Il est revenu avec des cicatrices horribles et un message de menace d’enlèvement de la part des ravisseurs à propos de la rencontre organisé par mon frère. Le message concernait particulièrement trois jeunes dont, mon frère », explique Abdallah avant de poursuivre « A l’entente du message de menace, la panique s’est emparé de mon frère, depuis lors, son attitude a changé. A la moindre petite chose, avait des crises de paniques ».

« Il perdait chaque, jour un peu plus la tête. Il dormait et mangeait à peine. Il refusait de sortir de la maison, craignant y rencontrer ces terroristes, Y avait perdu la maitrise de soi », raconte Abdallah. Inquiet de la santé d’Oumar, ses parents décidés à l’aider le conduit dans la ville de Douentza pour des soins médicaux.

« Il n’a pas été facile de conduire mon frère à l’hôpital, il était méfiant et très agité. Il nous a fallu lui donner du somnifère en complicité avec les agents de santé du village afin de l’amener en ville, j’étais vraiment attristé de le voir ainsi », explique Abdallah. Croyant être le prochain sur la liste de ces individus armés, Oumar avait commencé à développer une maladie post-chronique, selon ses médecins traitants. Selon Abdallah, dans ses moments de panique, Oumar disait également vouloir se suicider afin d’éviter son enlèvement programmé, car n’ayant aucun échappatoire.

De l’eau a coulé sous les ponts. Aujourd’hui, notre jeune leader récupère de ses troubles. Pour éviter d’éventuels rechutes, Oumar ainsi que toute sa famille avaient déménagés à Bamako. Mais actuellement, Oumar est de retour dans son village. D’après des sources, le message de menace qu’Oumar avait reçu avait été mal rapporté. Il ne s’agissait en réalité pas d’une menace, mais des consignes mal interprétés par le messager.

Néanmoins, Il existe de nombreux cas de trouble mental dans ces zones du pays, due à la psychose semée par les rebelles et aujourd’hui encore, la situation sécuritaire dans ces zones demeure alarmante. De nombreuses familles continuent de vivres des situations similaires.

L’histoire de Oumar constitue l’une des facettes de la crise dans le cercle de Douentza ; Elle interpelle non seulement sur la nécessité à intégrer l’aspect de prise en charge psychologique des victimes de la crise au même titre que la prise en charge matériel , mais elle invite également les organismes œuvrant dans la prise en charge psychologique, à s’intéresser.

Des jeunes hommes dans les rues de Boni. © Voice4Thought

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