La commune de Kava, à l’image des autres communes rurales du Mali, est composée d’une population qui vit essentiellement de l’agriculture, cependant il y a d’autres activités comme le commerce, et l’élevage.
La commune se trouve dans le cercle de San. Elle est dotée d’une mairie, un centre de santé, des mosquées, églises, et d’une gendarmerie.
Les jeunes de Kava, parallèlement dans beaucoup des zones au Mali vivent dans des conditions difficiles et précaires à cause du manque d’emploi, et des opportunités. Ils se retrouvent très souvent laissés à eux-mêmes et sont moins pris en compte dans la gestion des affaires locales. C’est dans ce sens, que nous avons jugé important de faire la rencontre de ces jeunes, discuter de leur situation, et connaître s’ils ont la voix dans la gouvernance locale ? Cette sortie de terrain s’inscrit dans le cadre de nos activités de recherche mensuelle.
Nous avons fait le déplacement dans la commune, pour rencontrer les jeunes, mais aussi les autres couches de la société comme les dirigeants politiques, les leaders communautaires, coutumiers et religieux.
En premier lieu, nous avons dirigé le débat avec les jeunes, pour analyser et examiner la problématique qui est de savoir si les jeunes ont la voix dans la gouvernance locale de leur commune.
Ainsi, Djeneba Koné, célibataire et âgé de 24 ans que nous avons rencontré dans sa famille dans le cadre de notre sortie affirme ce qui suit : « Parfois on nous demande, parfois non. Alors que c’est nous les jeunes qui sont le futur de demain, on doit forcément demander notre avis. Même s’il y a de conflit nous souhaitons avoir la paix entre nous, nous voulons tous le bon développement de la commune ils doivent qu’à même considérer les jeunes quel que soit les circonstances. » Une autre jeune du nom de Kadidiatou Koné, mariée et membre d’une association de la société civile ajoute : « Tout d’abord les jeunes de notre commune sont confrontés à un certain nombre de problèmes qui sont entre autres : le manque d’emplois, manque des centres de formation professionnelle, etc. C’est ce qui nous empêche de mener certaines initiatives pour le développement de la commune, aussi pour des raisons telles, les autorités doivent venir en aide aux jeunes et mon message à l’endroits de la population, les leaders communautaires, les chefs de village et autres est : de faire tout pour donner une chance à la jeunesse surtout les personnes qui ont atteint l’âge de la retraite qu’ils cèdent leurs places aux jeunes afin que ceux-ci prennent leurs propres responsabilités. » Lien archive vidéo de l’intervention de Kadidiatou Koné en langue locale bambara : Cliquez ici.
Yaya Koné, âgé de 23 ans et membre du conseil communal de la jeunesse avance dit : « Les jeunes sont impliqués précisément dans le domaine des infrastructures, et les travaux d’assainissement. Ils sont souvent consultés dans la prise de décision par exemple, quand un étranger vient dans la commune., L’autorité communale s’adresse à la jeunesse d’abord avant de prendre toute décision. Cependant, nos dirigeants nous demandent toujours nos difficultés sans pourtant apporter de réponses, du coup, nous les implorons vraiment à donner du travail à la jeunesse afin que celle-ci n’emprunte pas le chemin de la délinquance ». Au regard, des différentes interventions de ces jeunes, nous comprenons qu’ils soulignent tous les uns les autres deux éléments importants à savoir : Le manque d’emplois et de la formation professionnelle. Ce sont ces deux fléaux, qui les freinent et leurs empêchent d’occuper une place importante ou d’avoir une voix dans la gouvernance locale.
Cependant, pour avoir une analyse inclusive du sujet, nous avons également jugé nécessaire de rencontre les dirigeants politiques et les leaders communautaires afin d’entendre leurs avis. C’est dans ce cadre que nous avons pu interviewer le maire de la localité sur la question, M. Emmanuel Disonge Dembélé, qui affirme : « A Kava, la jeunesse n’est pas toujours consciente si elle devrait y participer ou non. Même si vous adressez une lettre d’invitation au président de la jeunesse, il se retrouve occupé, il commissionne un autre, or ce dernier aussi à des préoccupations et c’est ainsi de suite. »
S’ils viennent par occasion, même pour poser des questions, ce n’est pas facile, alors que leur présence est capitale. Mais il y a également chez nous une habitude ancienne, par exemple ; dans une salle de réunion, où les cheveux blancs et les cheveux noirs sont réunis seulement la parole ne pourrait pas être polyvalente encore. C’est une culture depuis des années ; quand le plus âgé parle seulement on n’en disconvient pas. A ce titre nous remercions la SNV à travers son programme de gouvernance locale qui nous a beaucoup aider, et faciliter la prise de parole en public des jeunes. Cette approche a aussi favorisé l’implication des jeunes lors des débats publics. Mais jusqu’à présent le niveau reste à améliorer. » Ce passage du maire de la localité nous fait comprendre que non seulement les jeunes sont moins formés, mais aussi inactifs quand il y a des rencontres à la mairie pour discuter des sujets d’intérêts général, ils peinent à s’exprimer en public à cause des règles coutumières anciennes encore ancrées dans les esprits, qui priorisent la voix des personnes âgées lors des débats. Il souligne également, qu’avec l’avènement du programme de gouvernance locale redevable ‘PGLR+’ piloté par la Snv, qui encourage les jeunes à participer aux débats publics et s’impliquer dans la gestion des affaires communales, les choses ont commencé à s’améliorer.
Toujours dans le but d’approfondir le débat, nous avons fait la rencontre du chef des griots de la commune, M. Moussa Koné, âgé de plus de 50 ans qui souligne « Je suis le mieux placé pour répondre à cette question, puisque même demain, nous sommes invitées à la mairie pour participer au vote du budget annuel de la mairie, les jeunes ont leurs mots à dire, ils sont invités, ils sont impliqués. Tout ce qui concerne notre société, la jeunesse est impliquée, » et il ajoute encore : « Dans la commune de Kava, les principaux rôles de la jeunesse, c’est le creusage des caniveaux la réparation des routes, ils organisent quotidiennement des activités culturelles qui permettent de tisser les relations sociétales comme le sport, les compétitions intercommunautaires, les concerts etc. Nous avons beaucoup des associations des jeunes qui promeuvent l’épanouissement de la commune sur tous les plans. » Inversement du maire, ce passage du chef des griots nous fait comprendre que les jeunes sont actifs et prennent des initiatives qui promeuvent la cohésion sociale.
En somme, à travers ces différentes interventions, nous comprenons que les avis sont diversifiés, les jeunes qui parlent de manque d’emplois, et les politiques évoquent l’inactivité des jeunes. Il ressort important que des actions doivent être menées pour accompagner ces jeunes à travers des programmes de formation professionnelle et de création d’emplois. En fin, ces recommandations seront-elles prises en compte ?