Sur cette page, lisez la deuxième partie du blog ‘Pourquoi le sable est si cher à Bamako ?’ De la théorie à la recherche dans les ateliers. Lisez la première partie du blog ici.
La recherche quantitative sur les reseaux sociaux
L’atelier amorce sa fin par la formation sur les techniques de recherche quantitative, animé par Fiona Dragsta et Akinyinka Akin (Université de Leiden, Pays-Bas). La recherche quantitative a suivi plus ou moins le même canevas de partage que celui de la recherche qualitative. De la définition des communicateurs, la recherche quantitative permet de quantifier et mesurer un phénomène grâce à l’utilisation de questionnaires et au traitement statistique des informations collectées. Les enquêtes par questionnaires sont la principale méthode de collecte des données des recherches quantitatives alors que celle qualitative procède par observations, entretiens, images, vidéos et sons pour récolter des données dont les résultats sont exprimés à travers les mots.
Les échanges ont tourné sur les techniques d’élaboration d’un protocole d’étude, la définition d’un échantillon ensuite l’élaboration des questions de recherche, le pré-test et le démarrage de la collecte des données.
V4TA dans sa philosophie met un accent particulier sur l’usage des TIC et les communicateurs Fiona Dragsta et Akinyinka Akin, pour ce qui est de la recherche quantitative, ont associé comme outil de collecte des données, Google Forms. Google Forms est un éditeur de formulaire en ligne qui fait partie de la suite Google et plus spécifiquement de Google Drive. Il permet de créer un questionnaire et de mener les enquêtes en ligne à travers le partage d’un lien à générer après conception des questions. À travers ce lien, les répondants peuvent être invités à travers l’e-mail ; les réseaux sociaux et aussi par simple SMS.
Les groupes, autour des mêmes thèmes de la recherche qualitative, ont conçu des questionnaires sur Google Forms et ont procédé à des enquêtes en ligne et aussi en allant à la rencontre physique des cibles.
Cas pratiques recherche qualitative
Le groupe travaillant par exemple sur les métiers du sable à Bamako : autour de la problématique ‘pourquoi le sable est si cher à Bamako?’, les apprenants ont choisi le site d’extraction du sable de Kalaban-Coro où ils ont eu à faire des observations simples et participatives, les entretiens et prises de sons ambiants ainsi que des photos et vidéos par le biais des Smartphones et le zoom. Ces données ont permis d’élaborer un rapport et une présentation Powerpoint qui sont ensuite archivés sur la base de données de V4TA.
Les résultats ont permis aux chercheurs de comprendre pourquoi le sable est si cher ; cela s’explique notamment par l’exploitation intensive rendant le sable de moins en moins dans sa réserve, occasionnant un long trajet pour l’extraction. La période des crues rend difficile et périlleuse l’extraction du sable ; l’hivernage drainant les extracteurs vers les activités agricoles,rend la main d’œuvre rare et chère ; et les travailleurs du secteur choisissent l’orpaillage qui est un peu plus rentable que le travail du sable.
Galerie introuvable !Photo à gauche : Dune de sable après extraction sous l’eau et déchargement par les femmes. Le véhicule est en chargement pour être livré à un client. Nous sommes toujours aux abords du fleuve à Kalaban-Coro, juin 2021. © Aïssa Pengoulba
Photo à droite : Abords du fleuve à Kalaban-Coro, à Bamako, un site d’extraction du sable. L’extraction du sable se fait à travers les pirogues qui vont en profondeur du fleuve avec à bord des ouvriers pour le remplissage de ces pirogues par le concours des seaux, Bamako, juin 2021. © Tograbaye Alnoudjim
Les résultats quantitative
Les résultats de la recherche quantitative ont permis de conclure que malgré les efforts physiques que nécessitent les métiers du sable, il existe des risques liés au fait de travailler dans l’eau sans équipement de protection. Les rémunérations perçues ne permettent pas de ‘joindre vraiment les deux bouts’. Le taux des enquêtés (59,5%) ayant déclaré leurs revenus insuffisants illustre bien cette situation alors que le sable lui-même se vend bien cher.
Le groupe travaillant sur la prolifération des motos taxi à Bamako: à la question de savoir, pourquoi les motos taxi à Bamako en 2021, les porteurs du thème ont mené la première partie de leur recherche en utilisant des techniques de recherche qualitative, puis celles de la recherche quantitative.
Les motos taxi sont rapides, moins chers, ses usagers peuvent se frayer le passage durant les embouteillages quand les voitures ne peuvent plus avancer ; ils constituent des emplois pour des jeunes selon les témoignages des usagers. “Les taxis ordinaires se sentent menacés en termes de concurrence et donc une perte de part de marché”, témoigne Tahirou Coulibaly, un taximan de Bamako. Les motos taxi sont bien pratiques et gagnent de plus en plus de clients ; leur présence a cassé le monopole du transport urbain qui était une chasse-gardée des taxis ordinaires. Consultez la présentation Powerpoint de cette recherce dans les archives.
Galerie introuvable !Photo à gauche : Entretien avec un usager des motos taxi à Niamakoro- Bamako, Juin 2021. © Alassane Chaibou
Photo à droite : Entretien avec un syndicaliste de taxi ordinaire à Niamakoro- Bamako, Juin 2021. © Alassane Chaibou
Le groupe travaillant sur la culture du piment à Bamako : la production du piment, la commercialisation, la transformation et la consommation. Ce thème a conduit les chercheurs à visiter les champs de production de piments, avoir des entretiens avec des vendeuses de piments, mais aussi les consommateurs.
Les données récoltées, les chercheurs ont réalisé que le piment est un fruit dont la production va de 3-4 mois et nécessite beaucoup d’eau et une terre bien fertile, un suivi régulier et aussi un traitement contre les menaces bactériennes pouvant infecter les tiges, les feuilles et même les fruits. Cliquez ici pour un rapport sur le recherche, qui se trouve dans nos archives.
Pour ce qui est de la transformation, une enquêtée explique qu’après le séchage, elle fait le tamisage afin de trier et retirer les mauvaises graines et débris liés à la récolte et ensuite passe la matière au moulin.
Les consommateurs quant à eux trouvent le piment un peu cher, mais avancent la principale raison de sa consommation comme un agent facilitateur de la digestion. Les enquêteurs ont noté la production insuffisante du piment pour la couverture du marché, l’offre est largement inférieure à la demande pour des raisons liées à l’insuffisance des espaces de culture à Bamako, le manque des intrants, le besoin de renforcement de capacités des producteurs et la non-harmonisation et mise en valeur des activités des acteurs impliqués dans ce secteur.
Selon les résultats des analyses comme résultant de l’étude quantitative, 88,89% des enquêtés sont consommateurs du piment dont 12,50% sont des femmes et 76,39% sont des hommes.
Ces recherches ne sont pas exemptes de difficultés, les apprenants avaient été confrontés aux refus de certain-e-s bamakois-e-s de se faire enregistrer, filmer et même de collaborer durant les enquêtes et entretiens.