‘Pourquoi le sable est si cher à Bamako ?’ De la théorie à la recherche dans les ateliers partie 1

Apprenants en séance sur l’archivage : orientations par les communicateurs durant l’exercice pratique, Bamako, juin 2021. © Voice4Thought Académie

Dans le cadre du renforcement de capacité des agents de ses différentes antennes, il s’est tenu du 07 au 17 juin 2021 dans les locaux de Voice4Thought Académie (V4TA) à Bamako, un atelier de formation des coachs ainsi que des coordinateurs axé sur les techniques de recherche et l’archivage. Cet atelier est une préparation au démarrage du programme de gouvernance locale redevable (P-GLR+ 2021-2026). L’objectif principal de l’atelier est d’outiller les coachs ainsi que les coordinateurs en techniques de recherche ethno-bio, en audiovisuel (qualitative), enquête grâce aux réseaux sociaux (quantitative) et en archivage.

Les participants proviennent des antennes V4TA de Bankass, Bougouni, Douentza, Macina, Ségou, Timbouctou, Gao, Niono et San, soit vingt-quatre (24) participants.

Attentes

Selon le chef de projet Didier Lalaye, l’atelier est une solution aux préoccupations des uns et des autres relatives aux techniques de recherche, à la familiarisation avec l’archivage et à l’accessibilité aux ressources de V4TA à travers sa plateforme virtuelle. Il a invité les participants à apporter des contributions de qualités afin de permettre à l’atelier d’atteindre ses objectifs.

La directrice de V4T présente à la séance a rappelé que la V4T Académie est une expérience pour et par les jeunes, elle estime que le but est de relever les défis de la gouvernance locale à travers l’implication des jeunes que les capacités doivent être renforcées, d’où toute l’importance de cet atelier.

Déroulement des travaux

Les travaux ont commencé par l’archivage à travers une communication livrée par Thomas Gesthuizen et Aboubacar Camara, responsables IT de V4TA.

Le centre de ressources

V4TA dans ses activités de recherche dispose d’une plate-forme virtuelle abritant les données qui sont les résultats des travaux réalisés. Cette séance est une immersion dans la sphère technique et virtuelle de la base des données permettant aux apprenants d’aller de comment accéder à la base de données jusqu’à comment y loger les données selon leur nature et type, leur provenance et l’activité liée et ceci après un certain traitement. Les animateurs ont en outre précisé l’utilité de ces données ainsi que les types d’utilisateurs qui sont entre autres : l’équipe V4TA elle-même, les journalistes, les artistes, les créateurs dans différents domaines, les chercheurs, les professionnelles des ONGs ainsi que les élites politiques.

Pratiquement, les apprenants ont parcouru, le site web de V4TA, Google Drive, les archives contenant les données collectées durant la phase pilote de V4TA. Savoir constituer les métadonnées et les conversions des types de fichiers (images, sons et vidéos) avant hébergement sur le site sont aussi enseignés. Les types d’équipements (appareils, applications et accessoires) conseillés pour une meilleure qualité de fichiers conséquents ont été exposés et mis à la disposition des participants pour leurs travaux de terrain.

V4TA et TIC

V4TA dans son approche met un accent particulier sur l’usage des TIC dans la réalisation des activités.

Les communicateurs ont cependant beaucoup insisté sur la création d’une structure de dossier, la sélection des données à télécharger (que celles nécessaires) ; description de ces données et vérifier que toutes les données jugées nécessaires ont été téléchargées et décrite correctement. Cet exercice est capital pour la gestion et l’utilisation de la base des données, une organisation intelligente (comme mise en place et enseignée) permet d’accéder de façon rapide au type de fichier cherché et c’est malgré la quantité des données.

Les communicateurs ont aussi donné beaucoup d’astuces et de conseils techniques quant à  l’usage des Smartphones et des Zooms H1 (dictaphone) pour la réalisation des vidéos et prises de sons. Open Camera, une application Smartphone très dynamique pour les prises de photos et vidéos a été convoquée par les communicateurs pour les raisons de sa praticabilité et ses options permettant des produits de meilleure qualité.

Difficultés techniques

C’était aussi une occasion permettant aux participants d’exposer les défis rencontrés au terrain à ce sujet: sur chauffage des Smartphones durant les prises ; des applications qui bug suite à l’activation de la caméra après une certaine durée ; les difficultés à héberger les fichiers sur le drive et le Centre des Ressources relativement à l’instabilité et le faible débit des services d’internet.

Des réponses ont été apportées à presque toutes ces préoccupations. Les participants, notamment les coachs sont dotés des Smartphones neufs de grande capacité dont les caractéristiques prennent en compte la résolution des défis de sur chauffage, une bonne RAM permettant la rapidité dans la réactivité durant les manipulations (rendant moins courant les bugs). Les services d’internet et leur qualité  restent un défi handicapant parfois, plus ou moins la bonne marche des activités.

Les simulations

Les participants ont été amenés à des exercices pratiques pour des entretiens vidéo sur des thèmes choisis par eux-mêmes, mais par groupe de trois individus. Les thèmes ont été articulés autour des thématiques de la cohésion sociale à San ; la situation politique au Mali dans le contexte actuel du coup d’État ; les conflits éleveurs-agriculteurs en période hivernale ; l’insécurité dans le cercle de Bankass, la consommation abusive des excitants en milieu scolaire, etc.

Les vidéos des entretiens ont fait l’objet de montages puis de présentations au cours desquels les participants et animateurs ont fait des observations, critiques et suggestions pour ce qui est de la qualité des images et des sons, les cadrages des images et les dispositions des micros et trépieds lors des enregistrements. Ces données ont finalement été archivées sur le centre de ressources.

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Manipulation des équipements et réalisation de vidéos, Bamako, juin 2021. © Voice4Thought Académie

Techniques de recherches qualitatives

Après l’introduction générale, les échanges théoriques et pratiques autour de l’archivage, les communications s’articulent désormais autour des techniques de recherche qualitative et quantitative. Cette section de l’atelier a été animée par Mirjam de Bruijn et Modibo Gally Cissé, responsable de la recherche qualitative de la V4TA. Ce volet est consacré exclusivement aux coachs en Techniques de Recherche et démarre par les techniques en recherche qualitative.

Les séances étaient orientées vers la pratique et laparticipation active des uns et des autres p Partageant les manuels de formation aux participants, les communicateurs ont défini l’objectif du manuel qui est celui de fournir des idées sur l’apprentissage de multiples langages académiques : du texte écrit, à l’audio en passant par la photo jusqu’à la vidéo comme des langages essentiels pour faire la recherche qualitative. La recherche qualitative est définie comme une méthode permettant d’analyser et comprendre des phénomènes, des comportements de groupes, des faits ou des sujets. Elle se concentre sur des interprétations, des expériences et leurs significations, des opinions et ressentis permettant aux chercheurs d’aboutir à des résultats souvent non chiffrés, précisent les communicateurs.

L’expérience de la phase pilote

Du rappel des objectifs de V4TA et ses domaines d’études/activités, des échanges se sont enchaînés autour des expériences de recherches déjà réalisées par chaque antenne de la phase pilote, tout en évoquant les défis et difficultés rencontrés en guise de propos liminaires pour ainsi entrer dans le vif du sujet. Les participants ont évoqué les défis sécuritaires quant à l’accès à certaines zones d’étude, la réticence des cibles à participer aux enquêtes pour des raisons liées aux pratiques socio-culturelles. Par exemple, les femmes spécifiquement, sur certains thèmes et en général, doivent se référer aux avis des hommes ou demander l’accord de ces derniers avant de participer à une étude. La sécurité, le dilemme moral et le consentement de l’enquêté-e sont des aspects à prendre en compte. Parce qu’en fonction du sujet abordé, la recherche peut dans un certain contexte exposer les acteurs impliqués, ont indiquéles communicateurs.

V4T et éthique 

Est-ce-que tous les résultats des travaux d’études sont à publier même après consentement de l’enquêté-e ? En tant que chercheur maîtrisant/connaissant mieux les enjeux liés aux publications des résultats selon les contextes, il faut être à mesure d’opérer un choix qui ne mettra en danger ni la vie des enquêtés, ni votre vie. Un exercice d’échange autour de la sécurité a permis aux participants de prendre un peu plus conscience de l’insécurité et du dilemme moral liés à la recherche. Ceci a ainsi permis de comprendre ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire en tant que chercheur. La responsabilité de ce dernier envers les enquêteurs est très grande. Le chercheur doit communiquer de façon claire l’objectif de l’étude à l’enquêté sans oublier de remercier celui-ci à la fin de l’entretien.

Les communicateurs se sont partagés les rôles en subdivisant la recherche ethnographique en deux parties : l’un explique ce que c’est que la recherche ethnographique et la seconde enseigne comment mener une telle recherche.

Recherche ethnographique, qu’est-ce que c’est?

A l’idée de savoir ce que c’est que la recherche ethnographique, les communicateurs ont fait comprendre que c’est une méthode qualitative à travers laquelle les chercheurs observent et interagissent avec les gens dans leur environnement réel. La recherche qualitative couvre un large éventail de la recherche en sciences sociales allant de l’entretien à l’observation simple et l’observation avec participation. L’Académie Voice4Thought dans son approche, se situe entre la science académique, la science artistique et le journalisme d’investigation faisant des résultats des études, la base des productions artistiques de V4TA.

Pour être en mesure d’observer, de participer et d’écouter, les chercheurs auront besoin des techniques sinon des outils et c’est ce que les communicateurs ont minutieusement choisi d’aborder : entretiens visuels, enregistrements audio, observation avec des photos, enregistrement audio de l’environnement.

Après que ces techniques et outils de recherche, les participants sont passés à des exercices pratiques. Des groupes de trois personnes se sont constitués pour des ‘descentes sur le terrain’ dans les environs du siège de V4TA afin de pratiquer et expérimenter les techniques de collecte des données sur le terrain avec les sens (les yeux, les oreilles et la bouche, qui corresponde aux outil comme la photographie, l’audio et l’interview). Cet exercice à été développé pour comprendre que l’observation par les sens est la première entrée au terrain, et que les sens interagissent pour avoir une observation complète.

Restitution 

A l’issue de cet exercice, les groupes ont fait des petites présentations basées sur les résultats après usage des yeux, des oreilles, de la bouche et des Smartphones sur le terrain, l’ensemble créant une histoire qui a été soumise à des critiques, des suggestions et des questions par le concours des participants et animateurs.

Les communicateurs ont ensuite invité les participants à se pencher sur la question : quel type de chercheurs ils sont ? Ce volet permet au chercheur de découvrir l’importance de sa personnalité dans la collecte des données, car il est crucial de se connaître pour pouvoir être ethnographe. Nous sommes d’abord des humains avant d’être des chercheurs. Ceci dit, nous avons des traits de personnalité, c’est-à-dire des tendances à se sentir, percevoir, se comporter et penser de manière relativement cohérente dans le temps et entre les situations (timide, nerveux, impulsif, agressif, doux, introverti, extraverti, autoritaire, aimable, antipathique, etc.) susceptibles d’influencer nos attitudes envers les enquêté-e-s de façon plus ou moins désagréable et qui auront donc un effet sur les données que nous collectons. Il est important de se connaitre dans ce sens comme chercheur.

Méthodes et techniques

Après cette étape, les communicateurs ont expliqué aux participants des méthodes et techniques de conception de problématiques, des questions de recherche, où aller pour collecter des données tout en faisant usage des outils indiqués (yeux, Smartphone, Zoom, micro-cravate, trépieds, etc.), comment interpréter les données puis rédiger le rapport, etc. Tout ceci se fait dans le respect de la philosophie de l’approche de V4TA.

Les mêmes groupes de trois (3) personnes ont choisi des thèmes de recherche : la prolifération des mototaxis à Bamako (lire la série de blogs sur cette recherche ici), la culture du piment à Bamako et les métiers du sable à Bamako. Outillés des matériels de recherche, les apprenants ont fait le terrain en usant de l’observation simple et participante, les entretiens, les prises des sons et images pour collecter des informations et en faire des analyses puis des rapports. Les résultats des études ont été présentés par chacun des groupes occasionnant des échanges autour des contenus des résultats des recherches et aussi le partage des difficultés rencontrées sur le terrain.

Lisez la deuxième partie de ce blog sur la recherche quantitative sur les reseaux sociaux, cas pratiques et les résultats ici.

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