La profilération des mototaxis : Une concurrence déloyale ?

© Amadou Baba Sissoko

Bamako, la capitale malienne est depuis quelques années une ville difficile à parcourir au vu de l’impressionnante augmentation du parc automobile et des engins à deux roues. Avec un tel nombre d’engins à moteur, la question de routes se pose avec acuité. Pourquoi y a-t-il des mototaxis à Bamako depuis 2021 ? Quel est l’avantage des motostaxis, pour les conducteurs et pour les clients ?
Dans le cadre des ateliers au cours desquels nos formateurs ont formé de futurs formateurs, une petite étude a été menée sur le phénomène des mototaxis dans la ville. Les données ont été recueillies par le biais d’entretiens et d’observations. Sur la base de ces données, une petite série de blogs a été rédigée, dont vous pouvez lire le premier ici.

L’avènement des mototaxis dans la ville de Bamako créa un engouement sans précédent au sein de la jeunesse oisive bamakoise pour ne pas dire malienne. Parce que beaucoup de jeunes chômeurs virent en cette activité lucrative l’épilogue de leur manque d’emploi et même de leur sous-emploi. Ainsi, des jeunes se sont lancés dans l’activité comme employés de l’entreprise Telimani, une initiative de taxi-moto de la société routière privée du même nom, des particuliers ou encore dans le cadre de l’auto-emploi pour ceux qui possèdent une moto. Ces moto taximen avec ou sans papiers officiels assurent le transport des usagers de la route, des écoliers[1], font de la livraison des repas, des colis, des marchandises, des bijoux, etc. d’où l’illégalité du métier de certains d’entre eux.

A l’instar de toute activité économique, la société de mototaxi à savoir Telimani s’est retrouvée face à une concurrence déloyale sans commune mesure. Il est de coutume reconnue en le malien une capacité d’imitation très avancée. D’ordinaire, le malien est doué dans le commerce. C’est pourquoi, il est à l’affût de toute innovation qui pourrait lui rapporter plus d’argent. C’est pourquoi, au lendemain de l’avènement de l’entreprise de mototaxi Telimani, beaucoup de commerçants, d’agents de projets, de fonctionnaires s’y sont lancés à leur manière. Ces derniers achètent des motos et les louent à des jeunes moyennant rétribution. C’est ainsi qu’en plus de l’opérateur principal connu et reconnu en l’occurrence Telimani, toutes les personnes possédant une moto peuvent s’adonner à l’activité. « C’est le cas de certains jeunes oisifs de Bamako qui se débrouillent dans le domaine, » expliquait un moto-taximan (lisez d’autres interviews ici). Ils empruntent les routes goudronnées en regardant de gauche à droite de potentiels clients auxquels ils proposent leurs services. Une fois, le marché conclu, ils transportent la personne jusqu’à sa destination. D’ailleurs « certains clients de mototaxis les préfèrent aux conducteurs de mototaxis employés parce qu’ils sont moins pressés et peuvent attendre le client une heure et même plus sans incidence financière sur les frais de transport, » disait un client. Il y a des ruraux possesseurs de motos qui sont venus tenter leur chance dans la ville après avoir entendu parler du métier de mototaximen. En outre, la fermeture des sites d’orpaillage pendant l’hivernage a poussé des orpailleurs notamment ceux en situation d’échec à se réorienter vers ladite activité dans les centres urbains transformant ainsi leur moto de transport et/ou de course en mototaxi.

Ainsi, notre équipe d’enquête conclut cette partie en ces termes : à côté de l’entreprise Telimani, il y a plusieurs autres entrepreneurs qui ne disposent d’aucune licence et œuvrent dans l’informe d’où leur prolifération de mototaxis dans la ville de Bamako. Ces dernières sont d’ailleurs de toutes les couleurs (bleue, jaune, noire, etc.) malgré la décision des autorités de les faire jaunir à l’instar des taxis ordinaires.

[1] A l’instar des taxis ordinaires, les conducteurs de mototaxis ont des contrats avec des familles dont ils déposent quotidiennement (pendant les cinq jours de la semaine) les enfants à l’école tous les matins et reviennent les chercher à la descente.

© Amadou Baba Sissoko

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